Contempler la beauté
- Laurence Gardin
- 4 mars 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juin 2020
2020, nouvel an, double vingt, nouvelle décade.
J’ai toujours aimé les rituels. Enfant je passais des heures, solitaire, à embellir les lieux où je jouais. Sur les marches du jardin, je disposais mes peluches et poupées près des coccinelles invitées le temps d’un déjeuner. L’harmonie nait de la juste mise en présence des choses. Beauté et sens sacré font bon ménage. S’ouvrir aux rites, puissant antidote à la morosité. En ce début d’année, les rites invitent à célébrer le passage d'une année engloutie dans l’obscurité vers le nouvel an, né dans la lumière discrètement croissante de l’hiver. Les rituels requièrent toute notre attention pour laisser apparaitre la splendeur de ce qui était là sans qu’on le voit.
Vivre au plus près de ce qui importe
Nouvelle année, terre immaculée, espace libéré où laisser jaillir les intentions, résolutions, pour s’engager ou renouer avec une aspiration profonde.
Comment être fidèle à ce qui fait battre le cœur plus fort, briller les yeux plus grands, et surgir des braises une flamme dansante ? Ces jours-ci, j’ai pensé à cette question tout en la laissant reposer. C’est souvent comme ça que la pensée s’élabore. La laisser suivre son cours, vagabonder, des liens ou coïncidences apparaissent et l’idée surgit, dont ne sait où. Dans cette paisible journée d’hiver, je me suis plongée dans la lecture de « la panthère des neiges » de Sylvain Tesson.Récit poétique d’un voyage au Tibet en compagnie de l’artiste photographe animalier Vincent Munier. Un voyage en quête de la panthère des neiges. Fascinée par l’animal, j’ai passé des heures à la contempler à travers des photos, films et récits. Pelage somptueux, noblesse du port, corps épousant parfaitement la montagne, vivacité, précision, et haute discrétion. Un instinct exacerbé pour rester en vie dans ce milieu, rendu par l’homme, d’une hostilité extrême.
Reine d’une majesté absolue. A elle seule, symbole de la beauté d’un monde si gravement menacé.

L’auteur évoque les animaux qui observent les hommes souvent aveugles aux multiples yeux rivés sur eux : « Désormais je saurais que nous déambulions parmi des yeux ouverts dans des visages invisibles. Je m’acquittais de mon ancienne indifférence par le double exercice de l’attention et de la patience. Appelons cela l’amour. » (Sylvain Tesson)
Aimer l'indomptable beauté
Le même jour, je découvre ce magnifique petit film, « le silence des bêtes » dédié aux lynx braconnés, disparus des Vosges.
En fond musical, contrastant avec la violence du propos, cette chanson de Mouloudji :
« L’amour, l’amour, c’est le poivre du temps, une rafale de vent, une feuillée de lune… L’amour, l’amour, c’est parfois même aussi, que le visage d’un autre, qui n’est ni lui ni l’autre." Le soir même, nous dinions avec deux amis. A la fin du repas, l’un d’eux nous propose d’écouter une belle chanson en hommage à la nouvelle année…
Et comme par magie, c’était « l’amour, l'amour, l'amour » , cette chanson de Mouloudji que je découvrais pour la première fois le matin même dans un tout autre contexte.
C’est ainsi que la résolution 2020 s’est manifestée. Une aspiration à raviver un engagement pris il y a plus de 12 ans : se poser, droit, en silence, et attendre… Oui Sylvain Tesson, « le double exercice de l’attention et de la patience », s'appelle bien l’amour.
Très bonne année, pour aimer, contempler et honorer la beauté sauvage.
#amour #contempler #l'affut
et la chanson de Mouloudji : l'amour, l'amour, l'amour